Larbi écrit à
Jeanne
en réponse à 19 : le gourbi et le canoun
en réponse à 19 : le gourbi et le canoun
Le gourbi!
Le symbole même de la précarité: des murs en roseau , isolé par un ciment
de bouse de vache , couvert pas du diss, une sorte de chaume qui protège du
soleil et de la pluie. Le tout articulé et soutenu par une poutre maîtresse;
l'intérieur est réservé à la resserre de provisions - peu de choses - et à la
couche de ses occupants.
Contrairement
à l'idée reçue les intérieurs des gourbis sont très propres: les femmes se font
un point d'honneur à garder leur milieu fermé propre. D'ailleurs, elles n'ont pas
le choix suivant en cela le rythme des 5 prières quotidiennes. Il est vrai
aussi que les alentours servent de dépotoirs, de poubelle à ciel ouvert!
Ne dites pas à
une femme algérienne qu'elle est sale, elle vous entrainera dans son logis et
vous mettra au défi de trouver une seule saleté!
En Algérie des
populations sédentaires y vivent depuis plusieurs millénaires: les kabyles, les
chaouis, vivaient dans des maisons en dur... les nomades vivaient sous la tente.
Mais au Sahara cohabitent les maisons en dur et les tentes nomades...
Les gourbis,
comme le bidonville sont apparus aux abords des villes où le travail salarié
est dominant, ou près des fermes, tolérés par les fermiers à la marge de
leur" propriété" constituant un volant de main d'oeuvre disponible et
bon marché. Certains gourbis n'étaient dressés que pour la saison durant
laquelle l'ouvrier était employé...l'ouvrier agricole est presque toujours un
saisonnier.
Le canoun,
c'est l'âtre que l'on déplace à l'intérieur du gourbi pour se chauffer et à l'extérieur
pour cuire les aliments. On utilisait pour que le feu prenne des galettes de
bouse de vache.
Le canoun
évoque aussi le canon des lois coutumières et des traditions; il est
symboliquement "l'outil "du cuit, du civilisé.( Avril brisé, le roman
d'Ismael Kadaré repose sur le kanoun:"
L'incendie du
gourbi est une catastrophe pour ses occupants, mais ils peuvent aussi mesurer
la puissance des solidarités...par delà les appartenances communautaires ou de
classes.
Dans un pays
où plus de 70% des habitants sont urbanisés, les gourbis servent le plus souvent
à exiger un relogement, lorsque ce dernier est obtenu, on le loue et on revient
au gourbi...
Les historiens
comptaient les habitants d'une localité au nombre de feux...