Je me souviens des hommes
assis sur les trottoirs, en bord de mer, le long des balustrades ou sous les
arcades, et qui mendiaient.
Aujourd'hui, tu vois,
disait Sara, ici aussi les gens mendient, quémandent, autrefois, c'était
seulement là-bas, pas encore ici.
Je me souviens du moment
où on a vu, ici, des gens commencer à s'asseoir sur les trottoirs et à mendier.
J'ai repensé à eux, les mendiants
de mon enfance, eux que j'avais fini par oublier. J'ai compris alors que le
monde avait changé.
Aucun pays ne serait plus
préservé de l'extrême pauvreté, celle la même créée par le pouvoir colonial, en
ces temps oubliés.
Je me souviens que ce n'était
pas le bon vieux temps, sauf si le temps n'était bon que d'avoir été celui de
l'enfance.
Je me souviens que
l'extrême pauvreté côtoyait notre aisance. Je me souviens, disait Sara.
Aujourd'hui, le monde
entier est devenu semblable au monde de mon enfance, une partie de la
population s'assoit sur les trottoirs et mendie.
Je reconnais ce monde, il
me saute aux yeux, il est là, il revient d'autrefois.
Il a traversé le temps, ou
alors le présent est allé le rejoindre.
Ils me disent d'arrêter,
se souvenir ne sert à rien, nous n'avons pas le temps, avançons, les
bouleversements en cours vont tout effacer.
Ils me disent suivez le
fil du temps sans retour.
Ils me disent il n'y a pas
de retour.
Il
n'y a pas de retour possible.
(à suivre...)
LB
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