Je me souviens qu'ils avaient des
formules toutes faites pour nier l'évidence. Ils disaient, l'Algérie c'est la
France.
Ils disaient, la France de Dunkerque à Tamanrasset.
Ils
disaient, l'Algérie est et restera française.
Le Père disait que tout était
incohérent, l'Algerie était la France, mais la France était la métropole.
Le Père insistait, l'Algérie était la
France, mais on disait les indigènes et les français.
Dans cette Algérie qui était la
France, il y avait deux catégories d'habitants, les citoyens français et les
autres.
Le Père disait, imagine, dans cette Algérie qui était la France, les
autochtones ou indigènes n'étaient pas des citoyens français.
Le Père disait, le langage lui-même
parvient à des contradictions inextricables, des contresens, des contrevérités.
Les paroles que nous entendions s'habillaient d'une logique de
l'absurde.
Plus la guerre avançait, plus
l'absurdité des combats que l'état français livrait aux algériens apparaissait
au grand jour.
Car, disait le Père, qui peut croire
que l'Algérie c'est la France, si les gens d'ici ont aussi peu de droits que
s'ils étaient étrangers.
L'état français était parvenu à créer
la notion d'indigène ou autochtone étranger, nous vivions gouvernés par un
oxymore.
(à suivre...)
LB
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