mardi 27 décembre 2011

4. Sara


La vieille Sara me parlait. Elle me disait : écris, écris, ma fille, qu'ils sachent, qu'ils se souviennent. Ils disaient liberté.

Elle dit les terres d'enfance perdues.

Ils disent "oublie, c'est mieux". Ils disent "cela n'interesse personne, le monde a d'autres chats à fouetter". Ils disent "pas le moment".

Elle se souvient, elle fait des rapprochements, elle relie, elle pense, elle y pense encore.

Te souviens-tu comment tout cela a commencé ?

Insidieusement, inévitablement, brutalement, sans prévenir ou avec plein de signes avant coureur, des signes qui couraient en avant et vite.

Te souviens-tu vraiment ?

Et d'abord, commencer pour qui ?

C'est cela la première question, selon où tu te trouvais, selon le regard que tu portais sur les choses et les êtres.

C'est cela, la question, selon ta lucidité, ta clairvoyance, ton regard portait sur ce qui, pourtant, crevait les yeux.

C'est cela la question, ce qui crevait les yeux n'était pas vu de tous.

Seuls quelques uns pressentent l'avenir.


(à suivre...)


LB