Je lis
"Alger la Blanche" biographies d'une ville de Salah Guemriche.
Les écrivains
du XIXè font de la Ville une femme ou une bête fauve, ensorceleuse, Circé
d'Afrique.
La palme est à
Jean Lorrain : " nonchalante Circé d'Afrique aux yeux gouachés de khôl,
implorants et si noirs sous leurs longues paupières."
Léon l'Africain s'appelait Hassan Ibn Mohamed El-Fassi.
Le géographe
arabe de Cordoue El-Bekri s'appelait Abou Oubaïd Abdallah ibn Abd el-Azz ibn
Mohamed el-Bekri.
"La Casbah
n'est pas un quartier, c'est la conscience endormie d'une civilisation." dit
Himoud Brahimi alias Momo l'Illuminé de la Casbah.
Le navire à
roues "Le Sphinx" fait partie de l'armada française qui part de
Toulon pour conquérir Alger.
Le Sphinx revient
annoncer la conquête d'Alger. En 1833, le Sphinx, encore lui, emporte
l'obélisque égyptienne vers la Place de la Concorde.
La
Méditerranée a vu tant de naufrages, les pirates et les guerres, et puis plus
rien, jusqu'aux noyés qui tombent des esquifs de migrants.
La Ville est d'abord comptoir phénicien, baptisé Ikosim, devient le municipe
Icosium puis est livrée comme butin à Ptolémée de Maurétanie.
Ptolémée de Maurétanie, fils de Juba II, roi numide élevé par Octavie sœur
d'Octave, épouse Claphyra, veuve d'un fils d'Hérode Ier le Grand.
Icosium était une cité berbère et pour une part judéo-berbère.
Lors du
creusement du métro d'Alger, on exhume les vestiges d'une basilique paléo
chrétienne du IVè siècle.
Je me souviens
que le Père disait qu'il allait se baigner chaque matin d'été à la Pointe
Pescade.
Sur la
photographie en noir et blanc, à bord crénelé, on voit le Père en maillot
de bain, debout, adossé à un rocher. Il regarde l'objectif.
Le Père a une
main posée sur la pierre, une jambe croisant l'autre, son corps suivant une
courbe, arc de cercle, dont la main est le centre.
Salah Guemriche
écrit qu'aujourd'hui la Pointe Pescade a le nom d'un écumeur des mers du
XVIème qui devint amiral d'Alger : Raïs Hamidou.
J'apprends que le Lycée a accueilli entre 1942 et 1945 le siège de la France
libre.
J'apprends que le peintre Louis Fernez a conçu les gravures des timbres le Coq
français et la Marianne d'Alger, en 1944.
J'apprends que
le peintre Louis Fernez, ancien élève de l'école des Beaux Arts d'Alger a
conçu la décoration du Lycée.
J'apprends que François Mitterand, en novembre 1954, a dit peu de jours après
le déclenchement de la Guerre : "L'Algerie, c'est la France !"
Salah Guemriche
raconte le cinéma en Algérie et dit que les algériens y sont le plus souvent
invisibles.
Je regarde Pépé le Moko de Julien Duvivier avec Jean Gabin dans la Casbah
transformée en maquis pour cambrioleur venu de Paris.
Le commissaire
Slimane de Pépé le Moko est arabe, et ressemble à s'y méprendre à une caricature
des années 30, du juif vu par les européens.
Régis habillé
du vêtement des autochtones ressemble à Tartarin de Tarascon venant chasser
les lions.
Les femmes dans Pépé le Moko sont à l'honneur. Frehel chante un moment de sa
vraie voix poignante sur fond de sa voix cassée de microsillon.
(à suivre...)
LB