vendredi 13 juillet 2012

96. La Petite Soeur



Je me souviens des cris du Père qui était apparu debout sur les gravats en contrebas quand le nuage bleu s'était dissipé.
Je me souviens, qu'en contrebas, le Père criait le nom de Sara.
Un lampadaire se dessinait dans l'espace découpé par la destruction du mur de façade de l'immeuble de la Cité.

Le mur entre le couloir et la chambre était tombé, la porte avait disparu.
Au dessus des décombres de la Chambre, le lustre se balançait. 
Des cris chez les Redouane dont l'appartement était aussi éventré.

Le temps s'était arrêté, et tout le temps possible s'y engouffrait par la brèche que l'explosion avait causée.
Le miroir de la Salle à manger était intact, Diane, précédée de ses chiens aux canines redoutables, y tendait toujours la corde de son arc. 
La flamme de la veilleuse tremblait doucement au dessus de l'huile dorée où reposait la bobèche.

Seuls le faible lampadaire de la rue et la veilleuse atténuaient la pénombre dans laquelle était plongé l'appartement de la Cité du Bonheur.
Sara prit la boite d'allumettes Le Jockey sur le buffet où était posé le verre de la veilleuse.

Sara craquait les allumettes une à une et parcourait ce qui restait de l'appartement pour chercher la Petite Sœur.

Je la suivais pour l'empêcher de tomber au delà des seuils disparus.


Je la suivais pour souffler sur les risques d'incendie que sa folie provoquerait.

Au moment de l'explosion, tous le savaient, la Petite Sœur était dans notre Chambre de l'immeuble de la Cité et faisait ses devoirs sur le bureau. 


(à suivre...)
LB

95. Universel univers



Lila écoute Souleymane Bachir Diagne qui dit : "le processus de décolonisation du monde, de décolonisation des esprits est encore en cours".
Souleymane Bachir Diagne poursuit : ce qui a précédé les études postcoloniales, ce sont les études coloniales.Le colonisé n'est pas un acteur passif, il se passe, en réalité, une coproduction de monde.
Lila note "quelles sont les catégories de discours qui ont construit le discours colonial ?".
Lila note, comment le discours colonial a-t-il construit la figure de l'indigène ?
Lila note : les études postcoloniales ne remettent pas en cause l'universel, mais en posent la question pour la première fois, sérieusement.
Lila note : ce n'est que dans un monde décolonisé que la question de l'universel peut, enfin, se poser.
Lila note : sommes nous à la recherche d'un universel de traduction, dans un monde du cultures juxtaposées et multiples ?


Lila note encore : dans un monde décolonisé, il y a une sarabande de cultures innombrables, chacune se justifiant dans son contexte propre.
Lila écrit, sommes nous en passe de renoncer à une universalité de surplomb au profit d'une universalité de traduction.
Lila note, les études postcoloniales ont ouvert les écluses, permettent de faire l'école buissonnière et de soulever de nouvelles questions.
Lila note : quelle est la nature de l'universel ? Il faudrait faire une histoire des universalismes ? à la condition de sauver l'humanisme ?

(à suivre...)
LB