jeudi 15 mars 2012

63. Lieux


Dans un pays, les lieux qu'on a habités sont comme des points névralgiques, ils se parent de sens, des odeurs et des couleurs du quotidien.

Je me souviens avoir vécu dans quatre appartements différents, deux étaient des logements de fonction.

Dans le Village des Asphodèles, l'appartement au premier étage, avait deux fenêtres qui donnaient sur la rue et deux sur la cour de l'école.

Dans le Hameau près de la mer, je me souviens d'une maison basse au toit en terrasse, de ses appartements jumeaux à côté de la petite école.

Je me souviens ensuite de l'appartement dans la Cité avec sa loggia, qui surplombait un terrain de tennis bâti au dessus d'un grand garage.

Et puis, il y a eu le départ soudain pour la Colonne, un immeuble blanc entouré d'arbres et de jardins, c'était en mars 1961.

Je vois aujourd'hui que le Père à la fois cédait à la partition orchestrée par les avancées de la Guerre et luttait contre elle en secret.

Le Père se tenait toujours au bord de sa chimère : préparer nos vies futures dans ce pays rendu aux principes de l'école de la République.

Le Père disait, certains de ceux qui se révoltent ont été nos élèves, nous les avons formés. Liberté, égalité, fraternité, rien de plus.

Le Père disait, nous pouvons nous entendre avec eux et eux avec nous, car cette fracture entre eux et nous n'est pas.

Je me souviens que la dernière année de la Guerre, nous avons fini par déménager dans un "quartier français", mais le Père espérait encore.

(à suivre...)

LB

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

écrivez moi :