mardi 13 mars 2012

58. Anciens Moudjahidins


Les écrans abolissent les frontières de l'espace et du temps.

Canal Algérie 20 février 2012. Frères d'armes. Six hommes âgés se retrouvent et racontent filmés par Tayeb Yezine. Deux femmes très âgées aussi parlent de la torture.
Tout semble  filmé dans "l'intèrieur". Un homme parle ou une des deux femmes, en arrière plan le paysage de la campagne algérienne ou le mur d'une maison de village.
Notes.
Ils enlevaient les tuiles de nos maisons si on ne payait pas les impôts.
On payait des impôts pour tout, une chèvre, et même pour le chien qui gardait la maison, même le chien...
Malgré mon statut de français, ils ont dit que ce travail était interdit aux algériens.
Le caïd était au service de l'administration française, il se prenait pour un roi.
On ne pouvait pas circuler librement, il fallait un laisser passer et le présenter à l'aller et au retour.
J'avais 14 ans, j'entendais mon beau frère parler de la révolution. J'ai commencé à militer à 14 ans.
Je devais aller chercher des vêtements militaires chez le tailleur. Sur un pont, je me suis trouvé en pleine bataille. On militait en secret. La révolution s'est faite dans le secret.
Le chef de l'organisation est mort. Un colonel est arrivé, il a coupé sa tête et l'a emportée.
Ils nous tiraient dessus avec des mortiers, une fois qu'ils ont tout détruit, ils se sont retirés.
Ils t'attachaient par les pieds, la tête dans l'eau et quand tu étais prête à dénoncer tu levais la main, ils te retiraient.
Ils torturaient les hommes et nous les femmes, on devait regarder.
On coupait les routes en faisant sauter des bombes.Le lendemain dans le journal, on parlait de "fauteurs de troubles".
J'ai passé treize mois en prison.
Les moudjahidins venaient manger chez nous en civil, et les villageois devaient ignorer qu'ils étaient maquisards.
(à suivre...)
LB

1 commentaire:

  1. Rediffusion hier soir sur Arte du film "La Bataille d'Alger" (présenté par Costa-Gavras, toujours jeune), et montré une fois sur cette même chaîne... en 2004, jamais depuis !

    Un film en pur noir et blanc, contrairement aux émissions "documentaires" qui l'ont précédé la veille, où les images sont colorisées en permanence, où le commentaire lu par un Kad Merad excité était plutôt tendancieux (style "pauvres rapatriés"), tout cela dans l'optique de l'Histoire repeinte aux couleurs de la nostalgie du bon vieux temps des colonies.

    Quelle différence avec le film implacable de Pontecorvo (pourtant, une fiction, avec un Jean Martin éblouissant).

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